ESSAI GRAND FORMAT DE LA SPORTIVE AU V8 DE 625 CH - Automag.fr

ESSAI GRAND FORMAT DE LA SPORTIVE AU V8 DE 625 CH


PHOTOS. La puissance de la BMW M8 Compétition est démoniaque, mais elle sait aussi s’adapter à la route. Comme le prouve cet essai spécial… au Cap-Ferret !

Un V8 de 625 chevaux sous le pied droit, forcément, ça invite à l’évasion. Alors direction le Cap-Ferret pour la rédaction de Sport Auto, et vite !  BMW est formel : « la M8 combine tous les gènes M pour communiquer au conducteur des sensations sportives sur la route et sur circuit. C’est le summum du plaisir ». Donc le tout dernier barreau de l’échelle BMW, après la triplette des M5, M4 CS et M2 CS. C’est dire si le niveau est relevé. Aussi, pour accueillir ce sommet comme il se doit, nous lui avons réservé une destination d’exception.

Techno parade à bord

Le V8 biturbo s’extirpe du sommeil dans une sonorité presque quelconque, au regard de son pedigree. Je ne regrette pas l’absence de coup de gaz gratuit comme sur une Lexus RCF Track Edition par exemple, mais un ralenti plus sourd et suggestif aurait été le bienvenu. La M8 joue la carte de la docilité, là où la précédente M5 Compétition se montrait plus communicative. C’est aussi le calme plat sur l’autoroute, avec le cruise control calé à la vitesse autorisée et l’aiguille du compte tours figée. Dans ces conditions, je me demande où est « le plaisir de conduite ultime à chaque seconde » vanté par BMW. Pas vu.

Mais pas de quoi interpeller Laurent Villaron, notre photographe, pour qui la qualité d’une auto est souvent proportionnelle à la grandeur de son coffre. En l’occurrence, la M8 est très logeable pour voyager à deux. Sans être aussi confortable que la M850i en termes de filtrage de suspensions. Cette dernière ayant peu d’équivalent, même parmi les limousines, pour réduire les distances et effacer la fatigue. En revanche, la M8 paraît plus réactive et mieux régulée en mouvements de caisse. On profite d’une pause ravitaillement pour redémarrer avec une semelle de plomb et prolonger l’accélération, histoire d’évaluer la plus-value par rapport à la M850i.

Pour mémoire, la M8 Competition offre 95 chevaux supplémentaires à un régime de 6000 tr/mn au lieu de 5500, et le même niveau de couple maxi. Rappelons aussi que la capacité d’accélération de la M850i nous avait bluffés. Avec une centaine de chevaux de plus et une masse comparable, on s’attend donc grimper aux arbres. Gaz !

Mise à feu de la M8 Competition

Le V8 vrille les arbres de transmission et les deux tonnes sont catapultées à la vitesse grand V. Première, deuxième, troisième et l’aiguille du compte tours passe en reprise de volée. Si ça pousse ? Aucun doute ! Mais pour être tout à fait honnête, la différence avec la M850i n’est pas aussi franche qu’escomptée.

Car au-delà de la puissance et des performances annoncées par la M8, on ne peut pas dire que le V8 soit particulièrement renversant en termes de caractère. En comparaison, le 5 litres à compresseur de la Jaguar F-Type R ou le 4 litres biturbo d’une Mercedes AMG GT R sont plus enjoués. Le caractère brut de décoffrage de la M5 Compétition, pourtant équipée de la même base mécanique, est plus attirant. A vrai dire, on s’attendait à plus pointu, au sommet de la gamme M.

Lois de la physique 

La M8 ne fait pas dans la dentelle sur la balance. Deux tonnes avec les pleins donc, miraculeusement jugulées par des liaisons dont la complexité n’a d’égale que l’efficacité. Depuis le transfert de couple minutieux entre essieux jusqu’aux micros braquages des roues arrière, tout fonctionne de concert pour verrouiller les roues de 20 pouces au bitume. Sur les départementales qui mènent à l’embarcadère de Royan, les virages qui referment en aveugle ne sont qu’une simple formalité. Il suffit de braquer. D’autant plus surprenant quand on imagine la masse que le train avant doit supporter. L’agilité est remarquable et mine de rien, les mises en appui vous compressent les côtes sur les bourrelets des baquets. En jouant avec la multitude de modes de conduite, la M8 affûte son caractère à la demande.

En revanche, la consistance variable de la direction manque de naturel et ne favorise pas la précision de la conduite. Le genre d’artifice qui ne sert pas à grand-chose sur circuit, encore moins sur route ouverte. Qu’importe, la M8 avale les kilomètres sans sourciller, jusqu’à l’embarcadère qui nous permet de couper à travers l’estuaire de la gironde pour rejoindre le Verdon sur Mer. Depuis la cale du bateau, la traversée est l’occasion de dresser un premier bilan. Par rapport à la M850i, la prestation de la M8 ne tranche pas suffisamment pour marquer l’écart. Quant à la concurrence, elle offre une ambiance plus exclusive, avec la Bentley Continental GT V8 par exemple. En contrepartie, la M8 conserve l’avantage d’une extrême facilité de prise en main et d’un visage à deux facettes, directement reliées à la position de votre pied droit sur l’accélérateur.

En l’occurrence, un filet de gaz, pour rejoindre Lacanau depuis le Lac d’Hourtin, sans troubler la quiétude du coin. Avec une telle réserve de puissance, la beauté de la région se contemple d’un air repus, les narines grandes ouvertes pour capter les effluves de pins. De Lège Cap-Ferret à Arcachon, le V8 ronronne. Le couple gargantuesque répond du tac au tac, mais les relances ne sont pas aussi explosives qu’à bord d’une Mercedes AMG GT R.

Atterrissage

La M8 réduit la voilure à l’approche du Cap Ferret. Son village de pêcheurs, où le temps semble s’être arrêté, est une carte postale grandeur nature. Les Cabanes à Huitres qui font face à la plage du Mimbeau, on s’imagine cet été, à refaire le monde devant une douzaine de n°3 et un verre de blanc. La BMW prend la pause devant l’objectif de notre photographe, avant de revenir sur ses pas, en direction du Pilat. Le caractère infatigable du V8 se dévoile quand la M8 survole de parc naturel des Landes de Gascogne en mettant le cap sur Arcachon. Toujours plein Sud, lorsque la pointe de l’immense Dune du Pilat coiffe la cime des pins et se dessine en haut du pare-brise. Grandiose, tout comme la puissance du V8. 

Vraiment mieux cette M8 Competition ?

Au péage, le 4.4 litres réagit au quart de tour de la M8 décolle comme le Concorde. Toujours impressionnant… mais pour être tout à fait honnête, je me demande si le jeu en vaut la chandelle par rapport à la M850i. Certes, la M8 est plus précise dans ses placements, plus efficace, plus réactive et plus alerte. En clair, sa prestation générale n’est pas assez spécifique pour véritablement marquer les esprits par rapport à la M850i. En clair, ce qui ressort de cet essai, c’est que le niveau de puissance ne fait pas tout. Non, ce qui compte vraiment, c’est le vrai caractère. Et celui de la M8 n’a rien de transcendant. A l’usage, il manque un supplément d’âme, un grain de folie pour donner l’envie de se relever la nuit. Sur le sommet de la gamme M, ça devrait être en série.

Fiche technique M8 Competition

> Performances annoncées
Vitesse maxi annoncée : 305 km/h en option
De 0 à 100 km/h annoncé 3″2

> Technique
Moteur : V8 biturbo
Cylindrée : 4395 cm3
Puissance maxi : 625 ch à 6000 tr/mn
Couple maxi : 76.4 à 1800
Transmission : Intégrale, 8 rapports double embrayages
Antipatinage/Autobloquant Série
Poids constructeur  : 1960 kg 
Longueur – largeur – hauteur : 4867 mm – 1907 mm – 1362 mm
Empattement : 2827 mm
Prix de base : 173.000€
Prix du modèle essayé : 191.800€

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