Initialement née sous le blason Chrysler, la Dodge Viper a alimenté les fantasmes de petits et grands pendant près de 20 ans. Voici les versions les plus iconiques du serpent le plus venimeux du paysage automobile mondial.
Rarement une vipère n’a été aussi désirable. Tout au long de sa carrière, la Dodge Viper a suscité la convoitise par son extravagance générale. Hauteur de caisse rasant le sol, capot interminable, puissance infinie grâce à son moteur gargantuesque, conduite excessivement brute … des qualités qui ont longtemps incarné la puissance américaine jusqu’à l’excès.
En près de 20 ans, la Viper s’est améliorée, passant d’un tank routier branlant à une véritable machine à chronos efficace sur circuit. La liste suivante permet de retracer les principaux chapitres de cette saga typiquement US qui a duré près de 20 ans.
1 – Chrysler Viper RT/10 (1992 – 1995)
La Chrysler Viper RT/10 est la synthèse roulante du concept-car éponyme, sorti en 1989. Présentée en 1992, la Viper RT/10 choque le grand public par son design extravagant et ses mensurations. Près de 2m de large, un capot interminable, des gommes de 345mm de large et un moteur V10 8.0 (!!) de camion développant 394 ch. A l’origine, ce bloc est un V8 déjà présent dans le RAM. Chrysler a ajouté deux cylindres supplémentaires et a demandé à Lamborghini de s’occuper de sa mise au point.
Sa conduite est si brute qu’elle rappelle en son temps la Shelby Cobra. Les observateurs les plus nostalgiques se souviendront certainement de sa présence dans plusieurs opus du jeu vidéo « Need For Speed« . La Viper RT/10 reçoit une profonde mise à jour en 1995, avant de stopper sa carrière en 1996.
2 – Chrysler Viper GTS (1997 – 2002)
La Chrysler Viper voit l’arrivée d’un coupé plus abouti et plus puissant : la Viper GTS, en 1997. Cette version reçoit un gain de puissance, passant de 394 à 415 ch. Les ultimes versions iront jusqu’à 450 ch. La conduite est toujours aussi brute de décoffrage. Toutefois, la Viper GTS s’applique un peu mieux à enfiler les virages. La GTS-R fait office de version de compétition en 1998. Les joueurs de « Gran Turismo » se souviennent notamment de sa livrée « Playstation » rouge à bandes blanches.
3 – Dodge Viper SRT-10 (2003 – 2012)
Certainement la génération la plus délirante de la Viper. Non content des mauvais retours constatés sur les Viper précédentes, Chrysler laisse le soin à Dodge de viriliser le serpent automobile. C’est ainsi que sort en 2003 la Dodge Viper SRT-10.
L’esthétique perd quelques centimètres en longueur, mais gagne en cohérence grâce à un porte-à-faux arrière raccourci. La calandre en croix fait partie intégrante du style extérieur, tout comme la sortie d’échappement latérale. L’intérieur est modernisé, avec une meilleure position de conduite. Mais surtout, l’énorme moteur V10 est réalésé à 8.4 pour 507 ch sur les roues arrière. La transmission gagne une vitesse supplémentaire, passant de 5 à 6 rapports.
A cette période, la Dodge Viper SRT10 possède tout simplement le plus gros moteur du marché. Un privilège partagé avec le Dodge RAM éponyme, un pick-up aussi véloce que techniquement débile.
4 – Dodge Viper ACR (2010)
Dodge présente la Viper SRT-10 Coupé en 2006. Celui-ci s’inspire du design de la Viper GTS des années 2000, avec son toit rigide et sa poupe étirée vers l’arrière. Entretemps, Dodge en a eu assez de ce cliché tenace de la voiture américaine qui ne tient la route qu’en ligne droite. Afin de faire patienter les adeptes du constructeur sur la prochaine génération, Dodge décide de mettre au point la voiture la plus efficace de son histoire, avec la Viper ACR.
L’extérieur est caractérisé par sa peinture bi-ton soulignée par une large bande centrale noir mat. La version ACR reçoit des jantes de 19 pouces plus légères, un aileron fixe immense et à l’appui aéro exceptionnel, et des trains roulants profondément revus. Le V10 8.4 voit sa puissance augmenter de 507 à 640 ch. Le débattement du levier de vitesses est raccourci et la direction est raffermie.
Afin de convaincre tout le monde du bien-fondé de cet improbable missile roulant, Dodge s’attaque au tour chrono sur le plus grand circuit du monde : le Nürburgring. A la surprise générale, la Viper ACR devient le véhicule de production le plus rapide au monde sur l’Enfer Vert, avec un chrono de 7’12 »13. Le serpent américain se classe ainsi devant la Lexus LFA Nürburgring Package et la Corvette C6 ZR1.
5 – SRT Viper (2013 – 2017)
Curieusement, lorsque la SRT Viper sort en 2013, le grand public est scandalisé… mais pas pour les bonnes raisons ! Elle est la plus aboutie de toute la saga, mais aussi celle qui a le moins réussi. Où est la brutalité si caractéristique des Viper originales ?
Pourtant, l’esthétique respecte l’héritage de la Viper GTS (décidément) de 1998. Elle apporte une silhouette considérablement étirée et un faciès plus moderne. Le moteur gagne un surplus de puissance conséquent : le V10 8.4 bondit de 507 à 649 ch. L’objet du scandale se trouve à bord. La boite manuelle disparait au profit d’une transmission automatique à 8 rapports et palettes au volant.
Les nombreux garde-fous électroniques, l’absence de boite manuelle, les normes environnementales et la concurrence plus évoluée ont contraint SRT à arrêter les frais en 2017. Dodge a tellement galéré à vendre les derniers exemplaires que GM a réalisé des réductions record, dépassant les 60 %. Le monde n’est désormais plus au fait de dinosaures surpuissants à la cylindrée gigantesque, comme la Viper.
